Ce que l’on ne peut nier c’est que le niveau scolaire des jeunes d'aujourd'hui semble un peu plus mauvais chaque année (référence notamment au sujet de bac 2016, plus particulièrement à celui d'anglais qui est une insulte à cet ogre sacré et complètement désuet qu'est le BAC). L'école est perçue de façon globale, et j'aurais tendance à dire qu'à raison, comme une prison temporaire où les élèves doivent faire pénitence de leurs années d'insouciance en s'ennuyant jusqu'à plus soif. Et pour finir, nous en ressortons avec un diplôme (ou sans, d'ailleurs), qui ne nous sera pas aussi utile que nous le pensions naïvement quelques années plus tôt, et avec une bonne dose de fatigue cérébrale, de lassitude, de frustration, de colère, de « j'aurais su j'aurais pas venu », et de « euh, pour recommencer mes études dès le début avec ma vision actuelle de la vie mais revenir à mes 10 ans, c'est par où s'il vous plaît? »
L’auteur de l’article s'arrête là, comme on le fait souvent. On désigne aussi la grande méchante École comme seule responsable de ce que nous sommes devenus. On observe là une tendance très répandue à se dédouaner de toute implication personnelle dans le processus. On pourrait se demander, afin d'analyser cette image affublé à l’École, qui en sont les porteurs ? Qui influence notre rapport à l'école ?
Selon moi, la réponse est triple. Dans un premier temps, nos référents absolus : les parents. S’ils ont eu une expérience exécrable de leurs années scolaires, il est inévitable qu'ils nous la transmettent. Même si leur intention n'est pas de vous faire détester l'école, ils vous raconteront leurs mauvais souvenirs, ils décrédibiliseront le corps enseignant par des remarques a priori anodines ou pire encore... Ils vous diront avant de vous laisser devant la porte de l'établissement : « Porte toi bien et surtout ne fais pas de bêtises ! », de l'art de réduire l'école à un lieu d'inhibition où la réussite se mesure en terme d’immobilisme et de mutisme. Dans un deuxième temps, l'entourage proche est une pression supplémentaire à celle déjà omniprésente autour de l'écolier : les parents font des comparaisons avec les frères et sœurs, le fils de la voisine ; les grands-parents disent que ne pas savoir lire à tel âge est un signe de handicap mental... Très tôt, si l'enfant n'est pas bon à l'école, il aura l'impression d'être un bon à rien, et dans le pire des cas, il finira vraiment par le croire. Et à cela s'ajoutent les camarades de classe qui, au CP se moquent d'eux parce qu'ils ont mal écrit la date au tableau, et en 4ème parce qu'ils savent ce que signifie « didascalie ». Enfin, l’Éducation nationale, en mettant en première ligne des enseignants mal formés que l'on envoie au casse-pipe dans les académies les plus nécessiteuses et donc encore moins regardante sur la qualité des professeurs (la note la plus basse d'admission au concours des professeurs des écoles à l'Académie de Créteil est de 4/20) et les moyens pour le moins aberrants mis à disposition de ces derniers : triple niveau, 30 élèves par classe, budget ridicule, des établissements vétustes et j'en passe, ne contribuent pas à une amélioration de l'image de cette institution.
Cela étant dit, il faut bien reconnaître que l’école a bien mérité sa réputation. Une réputation qui provient de son propre dysfonctionnement dont nous sommes tous responsables. Mais qui lui met des bâtons sur les roues ? Analysons cela :
- Il y a d’abord, l’État qui ne donne pas aux élèves français des conditions optimales à l'apprentissage ni aux professeurs les dispositifs suffisants pour dispenser des cours de qualité. Les gouvernements qui succèdent tous les cinq ans et imposent des réformes à chaque nouvelle élection, créant ainsi un chaos quinquennal et empêchant toute continuité dans les réformes.
- Les parents qui n'assument pas leur rôle de continuité de l'apprentissage, qui perçoivent le professeur comme un agresseur qui en veut à leur progéniture et qui ne le soutiennent pas dans les décisions à prendre pour la bonne réussite de leurs enfants, qui ne s'investissent pas dans la vie scolaire en ne venant pas aux différentes réunions à laquelle l'école les invite, qui ne fournissent pas le matériel à leurs enfants ou qui, tout bonnement, n’emmènent leurs enfants à l'école qu'un jour sur deux.
- Les enseignants, qui, dans ces conditions ne peuvent pas exercer leur fonction dans des conditions optimales. Et eux à qui on a dispensé une mauvaise formation (les enseignants des ESPE sont eux aussi logés à la même enseigne) ne disposent pas des moyens matériels pour créer des cours attractifs, adaptés aux méthodes cognitives de chacun et offriront donc à leurs élèves une formation de la même qualité qu'ils ont eux-mêmes reçue, médiocre voire nulle et, malgré leur bonne volonté, ils contribueront à donner une image peu reluisante de l’Éducation française.
Au regard des éléments cités ci-dessus, il m’apparaît clair que le changement peut et doit commencer à la base de l’Éducation Nationale. Et la base ce sont les enfants, les parents et les écoles. L'effort doit venir de ces parties afin que la famille devienne un prolongement de l'école et non deux mondes opposés qui se méprisent et se contredisent l'un l'autre. Les parents doivent être responsabilisés quant à leur rôle éducatif. Ils devraient être plus impliqués dans la vie scolaire de leurs enfants. Pourquoi ne pas les faire venir davantage sur le lieu d'apprentissage dans d'autres circonstances que les habituelles et rébarbatives réunions parents-profs voire conseils de discipline ? Pourquoi ne pas proposer des cellules de soutien aux parents en difficultés ? Car oui, il y en a, et ils ne cracheraient pas sur un coup de main. Pourquoi ne pas créer des postes uniquement affectés aux relations parent-écoles ? Des genres de Community Managers locaux de l’Éducation Nationale.
Parents et écoles doivent travailler main dans la main et non pas en se tirant mutuellement dans les pattes, car malgré les divergences, tous deux travaillent à l’avenir de leurs enfants. Ces deux entités, une fois unies, pourront alors exiger qu'à son tour, le gouvernement daigne enfin jouer son rôle lui aussi.